L’ »Orientalistik« et le nexus de recherche germano-arabe
Lancé par Dyala Hamzah (professeure adjointe d’histoire, Université de Montréal et membre du CCÉAE) en collaboration avec Fabien Theofilakis (ancien professeur invité DAAD et maintenant professeur à Paris-Sorbonne), ce projet vise à développer un important réseau de recherche découlant des études doctorales et postdoctorales de Hamzah à la Freie Universität Berlin.
Plus précisément, le projet cherche à documenter les rencontres et les enchevêtrements entre les orientalistes allemands et les historiens panarabes pendant la période du mandat britannique (1918-20 à 1945-48) et jusqu’à la construction du mur de Berlin (1961), qui fut aussi le moment de la mort officielle du nationalisme arabe ainsi que de l’inauguration de l’Orient Institut Beirut. Cette dernière est une filiale de la société savante au centre de cette recherche, la Deutsche Morgenländische Gesellschaft (DMG).
La plus ancienne des sociétés savantes allemandes consacrées à l’« Orient » et de loin la plus résistante à l’assaut de la critique de l’orientalisme par Edward Said, la DMG a commencé ses opérations en 1845 en tant qu’émulation institutionnelle de la Société asiatique française. Jusqu’à son virage tardif vers les sciences sociales, elle était restée une partie importante de la consolidation en Allemagne de la méta-discipline de l’»Orientalistik« et de ses avatars (»Islamwissenschaft«, »Arabistik«, »Semitistik«, etc.)
Garante du projet national allemand par son expertise sur l’Autre oriental, elle a su échapper au contrôle de l’État grâce au développement d’outils et de méthodologies linguistiques spécialisées. Paradoxalement, elle a également permis à des membres non allemands du monde entier (y compris les objets mêmes de la recherche scientifique de la DMG) de partager avec leurs hôtes et homologues allemands bien plus que de simples connaissances : un sens de la communauté.